Un outil indispensable pour faciliter l'adoption de bonnes pratiques de gestion des eaux pluviales par les municipalités
Étant donné, d'une part, l'intensification des précipitations engendrée par les changements climatiques et, d'autre part, la progression de l’imperméabilisation des sols, les ouvrages d’ingénierie ne sont plus en mesure de contrôler correctement les eaux pluviales. La mésadaptation des systèmes a des impacts sur l’environnement, augmente la vulnérabilité des humains et met à risque les infrastructures. Pour remédier à ces problèmes, les municipalités doivent impérativement adopter un modèle de gestion durable des eaux pluviales. Le guide présenté ci-dessous est un outil indispensable pour accompagner les municipalités québécoises dans cette démarche.
Considérer l’eau de ruissellement comme une ressource
Adopter un modèle de gestion durable des eaux pluviales amène plusieurs bénéfices directs pour l’environnement, ainsi que pour la qualité et la sécurité des milieux de vie humains. Lorsqu’on considère l’eau de ruissellement comme une ressource plutôt que comme une nuisance, on adapte nos façons de faire afin de favoriser le maintien des eaux sur le site. Un écoulement plus lent, jumelé à de bonnes méthodes de rétention, permet une décontamination de l’eau en amont des milieux hydriques. Par contre, l’adoption de bonnes pratiques de gestion durable des eaux pluviales repose sur chaque citoyen, chaque promoteur, chaque ville et municipalité. Ce sont les efforts communs de planification et d’adaptation qui nous permettront de régler plusieurs problèmes, en plus de réduire les coûts de construction, de réfection et d’entretien des infrastructures.
Un outil indispensable pour les municipalités
Afin de faciliter les démarches des acteurs municipaux, le Regroupement des organismes de bassins versants (ROBVQ) a élaboré, avec l’aide de plusieurs partenaires, un guide des étapes à suivre pour réaliser une auto-évaluation de son modèle de gestion des eaux pluviales. Les objectifs de l’Autodiagnostic municipal en gestion durable des eaux pluviales sont nombreux. Cet outil vise entre autres à soutenir les municipalités dans leur compréhension de l’enjeu, à sensibiliser les différents acteurs concernés et à valoriser les bonnes pratiques ayant déjà été mises en place par certaines municipalités. Il vise plus précisément les organisations municipales ayant la volonté d’améliorer la gestion des eaux pluviales sur leur territoire. Ainsi, une attention particulière a été portée aux différentes composantes du diagnostic pour que le guide puisse s’adresser à l’ensemble de la clientèle municipale.
La gestion des eaux pluviales dans trois milieux différents
L’autodiagnostic est divisé en trois sections concernant respectivement les milieux (1) habité, (2) agricole et (3) forestier. L’exercice proposé aux organisations municipales se présente sous la forme d’un questionnaire, dans lequel les points sont attribués aux répondants en fonction des réponses données. Un calcul de la somme des points obtenus à la fin de chacune des sections permet de dresser un portrait de l’état de la gestion des eaux pluviales sur le territoire. Ce guide doit être vu comme un outil d’évaluation, de sensibilisation et d’amélioration des pratiques. Pour maximiser sa pertinence et son efficacité, l’exercice peut être fait à plusieurs reprises dans le temps. En effet, la répétition permettra au répondant de constater l’effet bénéfique des changements apportés sur l’aménagement et la gestion de sa municipalité.
- Les zones habitées
La première section du questionnaire aborde la gestion de l’eau de pluie dans les zones habitées. Le milieu urbain est évidemment important à considérer puisqu’une mauvaise conception de certains aménagements en zone habitée peut perturber l’écoulement des eaux pluviales. C’est le cas du réseau routier et de l’aménagement des terrains qui contribuent, par l’imperméabilisation des surfaces, à l’augmentation des volumes d’eau de ruissellement. Les compétences municipales en aménagement du territoire font des intervenants municipaux des acteurs de premier plan pour intégrer les principes de la gestion durable des eaux pluviales à la planification et aux aménagements territoriaux. De ce fait, les responsables de l’urbanisme et de l’aménagement du territoire sont les professionnels les mieux outillés pour répondre aux questions de cette section. De plus, il est fortement conseillé d’inclure l’organisme de bassin versant associé pour profiter pleinement de son expertise sur les enjeux des milieux hydriques du territoire concerné.
- Le territoire agricole
En deuxième lieu, le questionnaire aborde la gestion des eaux pluviales en territoire agricole, d'autant plus importante que de mauvaises pratiques affectent directement le milieu agricole. Effectivement, l’augmentation des volumes d’eau de ruissellement peut accentuer l’érosion et le lessivage des sols et ainsi impacter la qualité de l’eau de prélèvement. Les municipalités dont une partie du territoire est zonée agricole ont tout intérêt à collaborer avec les acteurs de ce milieu de manière à favoriser un meilleur arrimage entre les actions entreprises et les principes de la gestion durable des eaux pluviales. Plusieurs de ces principes peuvent être intégrés à la planification et aux aménagements en milieu agricole. Ainsi, les professionnels les plus interpelés par cette section du questionnaire sont les inspecteurs municipaux et les gestionnaires régionaux des cours d’eau. Naturellement, il est encore une fois recommandé d’intégrer à sa réflexion le travail réalisé par l’organisme de bassin versant de son territoire.
- Le milieu forestier
La troisième section concerne les pratiques de gestion en milieu forestier. L’un des principaux enjeux concernant la gestion durable des eaux pluviales en milieu forestier est la manière dont sont conçus, aménagés et entretenus les chemins forestiers. Les traverses de cours d’eau, la conservation des milieux naturels et le type de coupe s’inscrivent également parmi les activités nécessitant des normes restreignant certaines pratiques pour assurer une gestion durable des eaux de ruissellement, et ainsi amoindrir les impacts des activités en milieu forestier sur l’eau et ses écosystèmes. Par conséquent, cette section présente des mesures à intégrer à la planification et aux aménagements en milieu forestier privé et, le cas échéant, en milieu public. Les inspecteurs, les gestionnaires régionaux des cours d’eau, les ingénieurs forestiers et les coordonnateurs forestiers sont les répondants les plus appropriés pour remplir cette partie du questionnaire. Les organismes de bassin versant ainsi que les professionnels du ministère responsables des forêts peuvent, par leur expertise, bonifier la réflexion.
Un outil complémentaire bientôt disponible!
Pour obtenir des pistes de solution et des informations supplémentaires sur les éléments soulevés dans ce document, les municipalités pourront bientôt se référer au Guide d’accompagnement à l’Autodiagnostic municipal en gestion durable des eaux pluviales. En plus de fournir des explicatifs associés à chaque question, ce document orientera le répondant dans les actions à entreprendre en lui suggérant des libellés règlementaires types, des exemples de règlements actuellement en vigueur au Québec et une sélection des meilleures pratiques à l’échelle nationale ou internationale.
Anne-Sophie Evoy
Téléphone : 418-800-1144
Site web : https://robvq.qc.ca/
- Adaptation et atténuation