Agir sur la gestion et l'aménagement des aires de stationnement

POURQUOI AGIR SUR LE STATIONNEMENT ?

Dans les zones urbaines du Québec, on retrouve de nombreuses grandes aires de stationnement, en particulier sur les propriétés à caractère commercial (centres d’achats, épiceries, bureaux…), industriel et institutionnel (cégeps, hôpitaux, stationnements publics…). Par exemple, rien que sur l’île de Montréal, ce ne sont pas moins de 500 aires de stationnement de plus de 100 cases qui sont répertoriées.

La gestion et l’aménagement actuels de ces aires de stationnement engendrent de nombreux défis sociaux, environnementaux et économiques, par exemple :

• aménagements dédiés uniquement à l’automobile
• sous-utilisation de l’espace urbain et perte de valeur foncière
• absence d’alternatives de mobilité durable et frein au transport actif
• nuisances sonores et visuelles
• accentuation de l’effet d’îlots de chaleur urbains
• imperméabilisation des sols…

Pourtant, le stationnement représente une composante essentielle de gestion de la mobilité et de l’aménagement durables de nos villes. Il est un outil extrêmement efficace pour favoriser un transfert modal de l’autosolo vers une mobilité plus durable basée sur le cocktail transport (transport collectif, actif et partagé), améliorer la qualité de vie et de travail, et adapter nos villes aux changements climatiques.

QUELLES STRATÉGIES ADOPTER ?

Qu’il s’agisse d’une municipalité de petite, moyenne ou grande taille, il existe pour chacun de ces environnements des actions adaptées aux problématiques locales. Cependant, ces actions devraient toujours suivre les stratégies suivantes dans cet ordre : commencer par réduire et optimiser l’offre de stationnement, réaliser un transfert vers les modes de transport durables, et enfin intégrer de façon adéquate le stationnement dans l’espace urbain.

STRATÉGIE 1 : RÉDUIRE

C’est de loin la stratégie qui a le plus d’impact puisqu’elle propose une diminution de la quantité de stationnement. Avant de débuter un projet de conception ou de réaménagement d’un stationnement, il est essentiel d’analyser les besoins réels et les moyens à disposition pour développer des alternatives à l’autosolo et limiter son emprise. Quelques exemples d’actions :

• Réduire, moduler ou supprimer les ratios minimums de stationnement et mettre en place des ratios maximums dans la réglementation municipale;
• Favoriser les ententes de partage de stationnement entre propriétés et usages complémentaires afin d’optimiser l’utilisation du stationnement;
• Tarifer le stationnement et offrir des incitatifs aux modes de transports durables;
• Exiger la réalisation d’un Plan de gestion des déplacements (PGD) avec son Centre de gestion des déplacements local;
• Privilégier une localisation qui permettra de réduire les besoins en stationnement. L’organisme Vivre en Ville a développé un indicateur pour la localisation écoresponsable des bureaux.

STRATÉGIE 2 : TRANSFÉRER

Il s’agit ici de mettre en place l’ensemble des alternatives à l’autosolo afin d’encourager un transfert modal vers le transport actif, collectif et partagé. Par exemple :

• Concevoir les propriétés et les aires de stationnement à l’échelle du piéton (lien direct et sécuritaires, espaces publics agréables);
• Offrir les aménagements nécessaires aux cyclistes, tels que des supports à vélos, des locaux sécurisés, des vestiaires, etc. Le Mouvement Vélosympathique de Vélo Québec offre de nombreux outils et une reconnaissance dans la mise en place de ces aménagements;
• Favoriser le covoiturage, l’autopartage ainsi que les véhicules électriques et hybrides dans les aires de stationnement par l’installation de cases réservées près des entrées des bâtiments.

STRATÉGIE 3 : INTÉGRER

Cette dernière stratégie vise à réduire les nuisances environnementales des aires de stationnement en faisant les bons choix d’aménagements de ces espaces :

• Opter pour du stationnement étagé ou souterrain intégré aux développements immobiliers avec possibilité de requalification en logements ou bureaux;
• Verdir au maximum les espaces minéralisés en misant sur la plantation d’arbres à grand déploiement (grande surface de canopée) et la gestion de l’eau dans les espaces verts;
• Utiliser des revêtements de sol clairs et perméables au lieu de l’asphalte.

Pour en savoir plus sur ces stratégies, à la fois sur le domaine privé et public, vous pouvez consulter le Guide – Le stationnement, un outil incontournable de gestion de la mobilité et de l’aménagement durable du CRE-Montréal.

SUR QUOI PUIS-JE AGIR EN TANT QUE MUNICIPALITÉ ?

LA RÉGLEMENTATION MUNICIPALE

Les municipalités ont un rôle majeur à jouer pour intégrer ces considérations dans leurs politiques et réglementations. Elles participent ainsi à la réduction pérenne des émissions de gaz à effet de serre et à l’adaptation aux changements climatiques en densifiant le territoire, en luttant contre les îlots de chaleur, en  diminuant l’eau de pluie à traiter et en favorisant les alternatives à l’automobile solo.

Le CRE-Montréal, en collaboration avec le Conseil régional de l’environnement et du développement durable de l’Outaouais (CREDDO), a produit un Guide de mise en œuvre d’un stationnement écoresponsable qui détaille les solutions de gestion et d’aménagement d’un tel stationnement, et qui propose également des pistes de réglementations municipales à adopter afin de rendre systémique ces pratiques sur le domaine privé.

LA RÉALISATION D’EXEMPLES INSPIRANTS DE STATIONNEMENTS

Depuis une dizaine d’années, des municipalités à travers le Québec donnent l’exemple en gérant et aménageant autrement leurs aires de stationnement. Chacune, à leur échelle, ont su progressivement intégrer des solutions qui permettent de réduire les GES et s’adapter aux changements climatiques.

À Montréal, certains de ces projets ont pu obtenir l’Attestation Stationnement écoresponsable, remise par le CRE-Montréal, grâce à l’intégration de solutions de gestion et d’aménagement durables dans les aires de stationnement.

Bien que disponible seulement sur l’île de Montréal, cette attestation s’accompagne de nombreux outils que l’ensemble des municipalités du Québec peuvent utiliser pour aménager leurs aires de stationnement. Elle s’inspire notamment du guide Lutte aux ilots de chaleur urbains – Aménagement des aires de stationnement – Guide à l’attention des concepteurs du Bureau de normalisation du Québec (BNQ).

Ces aires de stationnement exemplaires deviennent alors de véritables outils de communication auprès des usagers et de la population. Découvrez ci-dessous quelques exemples en images de ces projets qui fleurissent au Québec depuis une dizaine d’année.

 
Bureaux de la MRC de Brome-Missisquoi, Cowansville
Réalisations : verdissement, gestion de l’eau pluviale en surface.
Crédit photos : Vinci Consultants

 
Hôtel-de-Ville, Plessisville
Réalisations : cuve de récupération des eaux pluviales, verdissement, revêtement en pavé alvéolé, borne de recharge pour les véhicules électriques, trottoirs et allées piétonnes, ajout d’un abribus.
Crédit photos : Ville de Plessisville

 
Bibliothèque du Boisé, arrondissement de Saint-Laurent, Montréal
Réalisations : conception selon les ratios minimums, verdissement, bassin de biorétention, cases réservées pour les véhicules hybrides et en autopartage, bornes de recharge pour véhicules électriques, trottoirs et allées piétonnes, supports à vélos.
Crédit photos : CRE-Montréal

 
Aréna Rodrigue-Gilbert, arrondissement de Rivière-des-Prairies-Pointe-aux-Trembles, Montréal
Réalisations : réduction du nombre de cases, entente de partage de stationnement avec l’école à proximité, verdissement, bandes de biorétention, revêtement en pavés de béton drainants, case réservée aux véhicules en autopartage, bornes de recharge pour véhicules électriques, supports à vélos, allées piétonnes et passages piétons surélevés, espace public avec mobilier urbain original, panneaux interprétatifs sur les aménagements durables du stationnement.
Crédit photos : CRE-Montréal